
Ci-après, un extrait de l’allocution prononcée par M. Alain Sterbik, Consul général de France à Zurich lors de la remise de la médaille :
Nous sommes réunis pour honorer deux personnalités que vous connaissez bien, auxquelles je vais remettre dans un instant les insignes de chevalier de l’Ordre des Palmes académiques.
Avant de souligner les nombreux mérites qui vous valent, Mesdames, cette décoration, permettez-moi de dire quelques mots sur les Palmes académiques, pour ceux parmi nous qui ne seraient pas familiers du protocole et des rites républicains.
Créées en 1808 par Napoléon, elles constituent la plus ancienne des décorations françaises décernées à titre civil. Destinées initialement au personnel de l’Éducation nationale, elles distinguent également aujourd’hui des personnalités de nationalité française ou étrangère qui rendent des services éminents à l’œuvre éducative et à la langue française.
C’’est le cas des personnalités honorées ce soir, qui se sont toutes deux distinguées par leur action au service de l’enseignement et de la francophonie. La langue française, « la langue dans laquelle chaque être humain se sent chez lui », a dit un jour Metin Arditi. Vous en avez fait non seulement un métier, mais bien davantage encore l’axe central d’un engagement personnel au service de l’éducation et de la transmission.
Chère Valérie,
Née à Paris, titulaire d’une double maîtrise d’anglais et d’allemand, vous êtes arrivée à Winterthour comme assistante de français au Gymnase Büelrain en 1979. Et vous n’êtes pas repartie : la Suisse, ou plutôt un Suisse a su vous retenir ! Vous avez effectué l’ensemble de votre carrière comme professeur de français langue étrangère dans des établissements du canton de Zurich. Vous avez aussi enseigné à l’École polytechnique fédérale de Zurich, auprès de Swissair et de la Haute École zurichoise des sciences appliquées (ZHAW). En 1991, vous entrez dans la grande famille du DELF DALF, comme examinatrice.
Vous préparez vos élèves de la KV aux examens, préparation que vous intégrerez également partout où vous enseignerez, ETHZ, Swissair, ZHAW… De 1997 à 2006, vous faites partie de l’équipe chargée de la conception des sujets, puis en 2001, vous devenez formatrice des futurs examinateurs-correcteurs. En 2008, vous prenez en charge la relecture des sujets. Si l’on fait un rapide calcul, avec quatre sessions par an, multipliées par 10 niveaux, cela donne quelque 600 sujets relus en 15 ans ! Vous n’en délaissez pas pour autant le terrain, puisque dès 2005 vous avez présidé le jury régional du centre d’examens de Saint-Gall et dès 2006 celui d’Argovie, fonctions que vous avez quittées en 2016 pour devenir cheffe du centre d’examens de Zurich-Limmat, le 3e du pays.
Au-delà de ces compétences professionnelles, vous êtes un pilier du dispositif qui bénéficie de votre grande expertise, de votre approche constructive des problèmes ainsi que de votre aptitude à marier rigueur et courtoisie.
Des qualités, des valeurs faudrait-il dire, qui guident également un engagement humanitaire et social de longue date dans l’accompagnement de la fin de vie ou auprès des femmes prostituées à Zurich.
Alain Sterbik, Consul Général de France
à Zurich
Chère Mary-Claude,
Vous aviez une formation juridique, mais les arcanes de la loi ne vous ont finalement pas séduite. Vous vous êtes réinventé un avenir professionnel et c’est le français et son enseignement qui vous ont conquis, en même temps qu’une carrière de mannequin.Venue de la Riviera lémanique dans le canton de Berne, au volant d’une décapotable qui a marqué les esprits (tout autant que sa conductrice), vous avez enseigné pendant 24 ans à la WKS, l’école de commerce de Berne où vous étiez responsable du pôle de français, après avoir exercé à la Migros Klubschule, toujours à Berne. Vous vous êtes engagée dans le DELF DALF en 1998, en tant que correctrice-examinatrice. Puis à partir de 2008, vous avez assuré la supervision des corrections des écrits pour toute la Suisse. Ce qui, là aussi après un rapide calcul, nous conduit à un double anniversaire : vous fêterez en effet cette année votre 100e session et votre 60e supervision des corrections ! En 2012, vous trouvez probablement que ce qui précède ne suffit pas à remplir votre agenda de jeune retraitée de l’enseignement et vous coiffez la casquette de formatrice de formateurs (avec depuis pas moins de 35 formations dispensées) et de présidente du jury des centres d’examens de Berne-Mittelland, le deuxième du pays, et de Neuchâtel. Animée par un souci constant de la qualité et du professionnalisme du dispositif, vous avez largement contribué à la mise en place d’un système homogène unique des corrections en Suisse, comme demandé par les autorités suisses. Votre capacité à tenir le cap dans les moments de tension, alliée à la chaleur humaine dont vous faites preuve en toutes circonstances ont contribué, et contribuent, à son succès.
Chère Valérie, chère Mary-Claude,
Avant de conclure cette cérémonie, je voudrais citer le Président de la République ! Dans son discours sur la langue française et le plurilinguisme prononcé à l’Institut de France en 2018, il a rendu un vibrant hommage aux professeurs de français : « À chaque fois que nous avons fermé une classe, que nous avons décidé qu’on pouvait se passer d’un professeur, le français a reculé. Et à chaque fois que nous avons considéré qu’on pouvait s’affranchir d’un professeur ou ne plus former le professeur, le français a aussi reculé. […] Le professeur de français est le garant et le moteur de la vitalité même de la langue française. Nous savons tous ici notre dette à l’égard des éveilleurs qui nous jettent parfois contre notre gré dans les méandres de la grammaire et dans les grands espaces du roman ou de la poésie, faisant croître en nous ce qui était encore confus, latent. » Votre belle contribution à tous ces objectifs, ici en Suisse, à Berne ou à Zurich, méritait amplement, de la part de la République française, une marque de reconnaissance, d’estime et de respect. C’est ainsi qu’il faut com-prendre, au-delà du protocole, votre nomination ce soir au grade de chevalier des Palmes académiques.
Valérie Probst, au nom de la Première Ministre et du Ministre de l’Éducation Nationale, je vous fais chevalier de l’Ordre des Palmes académiques.Mary-Claude Roth, au nom de la Première Ministre et du Ministre de l’Éducation Nationale, je vous fais chevalier de l’Ordre des Palmes académiques.